L’importation de véhicule de moins de trois ans vers l’Algérie encore interdite

3663
export de voiture de moins de 3 ans vers l'Algérie

La loi de finance algérienne de 2016 concernant l’importation de véhicules ne permet pas d’importer un véhicule d’occasion en France vers l’Algérie. Il faut cependant souligner que nombreux sont les Algériens qui souhaitent que le gouvernement autorise l’importation de voiture de moins de 3 ans vers l’Algérie. Cette éventualité a été plusieurs fois évoquée par des hauts personnages mais jusqu’à présent, aucune décision n’a encore été prise dans ce sens.

En cours d’étude selon le ministre du Commerce

Il y a quelques mois, Mr Bakhti Belaïb, le ministre algérien du Commerce a été interrogé par les journalistes sur la possibilité d’autoriser l’importation de véhicule de moins de 3 ans vers l’Algérie. Le ministre a reconnu à cette occasion que cette formule est réclamée par un grand nombre d’Algériens. Certains ont même lancé une pétition sur Facebook afin de récolter un maximum de « j’aime » et inciter les autorités à autoriser l’importation de véhicule ayant moins de trois ans. Ces personnes utilisent comme principal argument l’augmentation du prix des véhicules dans le pays, qu’ils soient neufs ou d’occasion, ainsi que le manque même de voitures sur le territoire Algérien.

A voir aussi : Assurance auto au kilomètre chez Macif : comment adapter votre contrat à vos besoins

A ce sujet, le ministre du Commerce a reconnu que l’export de voiture de moins de 3 ans vers l’Algérie depuis la France constitue une option intéressante compte tenu des coûts réduits engendrés par cette solution. Il a toutefois ajouté qu’il faudra examiner au préalable la réduction du quota mis en place dans le cadre des licences d’importation. D’après ce haut responsable, il est possible que cette mesure d’importation automobile vers l’Algérie avec une carte consulaire puisse être autorisée en 2017.

export de voiture de moins de 3 ans vers l'Algérie

A voir aussi : Certificat de conformité : qu’est-ce que c’est et comment l’obtenir ?

 

Refus de la part du ministre de l’industrie

Cependant, les observateurs sentent une certaine cacophonie dans les milieux de prise de décision. En effet, le ministre de l’Industrie et des mines algérien, Abdessalem Bouchouareb, vient de déclarer à l’APS qu’il est impensable d’envisager le retour de l’importation de voiture moins de 3 ans vers l’Algérie en 2017. Et ce, qu’il s’agisse de concessionnaires ou de simples particuliers. D’après ce haut responsable, il n’est pas nécessaire d’importer des véhicule car le marché local possède déjà un « grand potentiel » en matière de voitures d’occasion.

Pour lui, ce marché gagne à être organisé et ce, par le biais d’un cahier de charges. Celui-ci aura pour principal objectif d’instaurer la sécurité et la traçabilité des voitures d’occasion en Algérie. Le ministre a ajouté que ce cahier des charges est en cours d’élaboration afin de créer un marché de la voiture d’occasion en Algérie. Pour Mr Bouchouareb, les acheteurs de voitures de moins de 3 ans doivent bénéficier d’un minimum de garantie et une traçabilité afin que l’opération soit profitable sur les plans financier et sécuritaire.

Nous en saurons plus au cours de l’année 2017 en ce qui concerne l’importation de véhicules en Algérie. Certes le pays dispose déjà de nombreux concessionnaires automobiles notamment les marques asiatiques, coréennes et américaines comme la marque Chevrolet qui se vend très bien sur le territoire Algérien. Qui plus est, l’importation de véhicules venant de France pourrait faire chuté le marché local. D’autant plus que les Algériens disposent en grande partie d’un parc automobile Français. En terme de dépannage auto, les véhicules des marques Françaises tel que Renault ou Peugeot sont maitrisés par les mécaniciens locaux contrairement aux marques asiatiques et américaines.

Les raisons de l’interdiction de l’importation de véhicules de moins de trois ans

Mais alors, pourquoi l’Algérie interdit-elle toujours l’importation de voitures de moins de 3 ans sur son territoire ? Il semblerait que cette décision ait été prise en vue de favoriser la production locale et d’encourager les investisseurs à implanter des usines en Algérie pour répondre aux besoins du marché automobile. Effectivement, le pays dispose déjà d’un potentiel industriel important dans ce secteur avec notamment la marque Sovac qui produit des véhicules Volkswagen et Hyundai.

Cette politique protectionniste est censée offrir un environnement favorable à la création d’une industrie nationale compétitive capable de rivaliser avec les autres constructeurs automobiles internationaux. Elle permet aussi aux revenus générés par le marché automobile algérien de rester dans l’économie nationale plutôt que d’alimenter celle des importateurs étrangers.

Il ne faut pas non plus oublier que cette mesure sert aussi à protéger les travailleurs locaux œuvrant dans le domaine automobile. Si on autorisait l’importation massive de voitures neuves ou très récentes sur le territoire national, cela aurait un impact négatif sur leur emploi ainsi qu’à celui des sous-traitants employés par ces entreprises locales.

Certains spécialistes remettent en cause cette position du gouvernement algérien car elle crée une distorsion entre l’offre et la demande, entraînant une augmentation importante du prix moyen des véhicules neufs. Ceux-ci sont jusqu’à quatre fois plus chers qu’en Europe et seuls quelques privilégiés peuvent se les offrir.

Vous devez noter que l’Algérie ne dispose pas encore d’une industrie automobile suffisamment compétitive pour répondre aux besoins du marché local. Les constructeurs locaux rencontrent des difficultés à produire en quantité et à un coût compétitif par rapport aux importations étrangères. Dès lors, les Algériens se tournent vers les voitures d’occasion ou le marché noir qui s’avèrent dangereux pour leur sécurité et leur santé.

Bien que la décision de maintenir l’interdiction de l’importation des véhicules de moins de 3 ans soit justifiée sur certains points, elle pose aussi plusieurs problèmes économiques et sociaux qu’il faudra résoudre dans un futur proche.

Les alternatives pour les consommateurs algériens en quête de véhicules récents

Face à cette situation complexe, les consommateurs algériens sont contraints de chercher des alternatives pour acquérir des véhicules récents. Certainement la solution la plus courante est le marché parallèle qui permet d’acheter un véhicule importé illégalement de l’étranger. Cela peut être très risqué car ces voitures ne respectent pas toujours les normes en vigueur et peuvent donc être dangereuses pour leurs occupants.

Une autre option consiste à se tourner vers l’achat de voitures dites « semi-neuves ». Ces véhicules ont déjà été immatriculés dans leur pays d’origine mais n’ont roulé que peu de kilomètres avant leur revente sur le marché international. Ils arrivent souvent en Algérie via des opérateurs spécialisés qui s’occupent du transport et du dédouanement. Ces voitures coûtent tout de même très cher par rapport aux salaires moyens en Algérie, ce qui limite encore une fois l’accès à ce type de produit pour la majorité des ménages.

La dernière alternative possible est d’acheter une voiture neuve produite localement. Cette option est certainement celle privilégiée par le gouvernement algérien puisqu’elle correspond parfaitement aux objectifs visés par sa politique protectionniste. Les constructeurs automobiles présents sur le territoire proposent ainsi plusieurs modèles adaptés au marché local comme la Renault Symbol ou encore la Peugeot 301.

Toutefois, il faut rappeler qu’à qualité égale et malgré les taxes prohibitives appliquées sur les voitures importées, les véhicules produits localement restent bien plus chers que ceux vendus en Europe ou dans d’autres pays. Cette différence de prix s’explique notamment par le surcoût lié à la production locale et aux taxes douanières imposées aux constructeurs qui souhaitent importer des pièces détachées.

L’interdiction d’importer des voitures de moins de 3 ans demeure un sujet controversé mais elle est pourtant toujours en vigueur en Algérie. Les consommateurs algériens doivent donc faire preuve de débrouillardise et chercher des alternatives pour acquérir un véhicule récent sans risquer leur sécurité ou mettre à mal leur budget familial. Espérons que l’évolution future du marché automobile algérien permettra bientôt une solution durable et satisfaisante pour tous les acteurs concernés.